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jeudi, 02 mars 2023 15:10

Le Shou Sugi Ban à la conquête de l’Occident

Product-Proof nous fait découvrir la beauté de cette technique séculaire

Les Japonais utilisent depuis des centaines d’années déjà une technique spéciale pour durabiliser le bois. Cette méthode, largement usitée depuis le 18ème siècle, consiste littéralement à ‘brûler’ des planches et autres éléments taillés dans un arbre local, le cryptomeria japonica (ou Cèdre du Japon). Ce bois brûlé est alors utilisé comme revêtement de façade durable, offrant aux maisons en bois japonaises typiques une protection efficace contre les feux de forêt et les intempéries.

Tout cela est très bien, me direz-vous, mais qu’est-ce que cela a à voir avec nos contrées ? La bonne nouvelle, c’est qu’il est désormais possible de se procurer chez nous du bois ‘traité’ de cette façon. Grâce aux efforts conjugués d’un Flamand et d’un Néerlandais qui, forts de plusieurs années de collaboration, s’emploient aujourd’hui à faire découvrir les avantages du Shou Sugi Ban (Yakisugi) au marché belge et néerlandais.

Bart Van Herreweghe et Enno Hageman, respectivement directeurs des relativement jeunes entreprises Product-Proof à Schellebelle et Fumano à Rotterdam, se connaissent depuis longtemps. Ils nous racontent le chemin détourné qui les a menés au Shou Sugi Ban.

“Je suis actif dans le bois retardateur de flammes depuis 1997 et, tout comme Enno, j’ai de nombreuses années d’expertise en la matière”, contextualise Bart Van Herreweghe. “Il y a quelques années, lors d’une recherche Google avec le terme ‘retardateur de flammes’, sur la cinquième page de résultats, je suis tombé sur le Shou Sugi Ban. La technique a directement attiré mon attention, j’ai commencé à me renseigner et à l’étudier. Puis j’ai réalisé une analyse de marché. Plus je lisais, plus j’étais fasciné. En 2018, j’ai décidé d’aller plus loin, avec le soutien d’Enno.”

Yaki Sugi
Une rapide recherche sur la méthode du Shou Sugi Ban nous apprend qu’elle consiste à brûler un côté du bois du cèdre du Japon à l’aide d’une technique spéciale appelée ‘Yaki Sugi’ en japonais. Le feu confère une texture et une couleur particulières au bois, et une surface carbonisée avec des lignes fines et marquées.

“On parle de Shou Sugi Ban, mais ce n’est pas véritablement du japonais”, précise Van Herreweghe. “En japonais, le nom combine trois caractères : Yaki, Sugi et Ita. Yaki signifie brûlé, Sugi arbre et Ita planche. On parle de Yaki Sugi, mais à cause d’une ‘mauvaise’ traduction chinoise, c’est devenu Shou Sugi Ban et c’est ce nom qui est arrivé en Europe de l’Ouest.”

Cryptomeria japonica
“Au Japon, la technique du Shou Sugi Ban est appliquée au cryptomeria japonica ou cèdre du Japon, une essence de bois très répandue là-bas. Il y a longtemps, on s’est rendu compte que le cèdre du Japon brûlé avait certains avantages : une plus grande longévité, un effet retardateur de flammes et une meilleure résistance aux insectes, à l’eau et même aux moisissures. Par conséquent, ce bois était largement utilisé dans la construction, faisant passer la durée de vie des bâtiments de 30 à 80 voire 100 ans.”

D’après nos recherches, le cèdre du Japon ne poussait que dans une zone très restreinte. C’est un bois qu'on ne trouve pas ou très peu en dehors du Japon. Du coup, comment implanter le Shou Sugi Ban chez nous ?

“La technique fonctionne sur de nombreuses autres essences de bois”, intervient Enno Hageman. “Nous avons commencé à expérimenter en Europe et nous avons constaté que d’autres bois avec d’autres dessins s’y prêtaient aussi. Plusieurs noms reviennent souvent, comme le douglas, le mélèze et parfois même le chêne. Certaines essences de bois thermotraité conviennent également. On peut utiliser le Thermowood ou l’Accoya ou même simplement du bois de récupération.”

“Initialement, nous pensions que cette essence de bois ne se trouvait qu’au Japon. J’ai donc cherché un moyen de l’importer”, poursuit Van Herreweghe. “J’ai contacté l’ambassade au Japon et j’ai trouvé deux fournisseurs désirant exporter. Une fois le montant total calculé, il s’est avéré que ce n’était pas jouable financièrement au vu des prix actuels du transport et de l’énergie. Il fallait donc trouver des alternatives. C’est alors que nous avons appris, il n’y a pas si longtemps, que le cryptomeria japonica pousse aussi au Portugal...”

Voici venir l’Euro Sugi
Cette découverte a complètement changé la donne et permis d’accélérer les choses. Dans un futur proche, peut-être même cette année, les deux partenaires vont lancer un nouveau produit, baptisé Euro Sugi. Avec du bois importé du Portugal.
“L’objectif est de faire venir le bois par containers et de le parachever en Belgique. Si cela fonctionne, une unité de production sera également aménagée aux Pays-Bas”, ajoute Hageman. “Je vais m’occuper du marché néerlandais pour Product-Proof, sous le nom commercial de Yaki Sugi Nederland.”

“Nous avons récemment investi dans un deuxième four de carbonisation et une toute nouvelle ligne de revêtement”, continue Van Herreweghe “Un nouvel investissement va suivre cet été, dans une toute nouvelle machine à brosser pour le bois.”
Dans l’introduction, nous indiquions que le Shou Sugi Ban était utilisé comme revêtement de façade. Aujourd'hui, en 2022, il se prête à quasi toutes les applications extérieures et intérieures.

“La façade reste l’usage principal mais vous pouvez l'utiliser pour des tas d’autres choses”, affirment nos interlocuteurs. “Nous avons déjà réalisé un portail entier, des bancs, des cuisines, des meubles, des éléments décoratifs, du bois pour un food truck, la palissade et l’intérieur d’une boucherie en France, et même des troncs entiers comme éléments décoratifs de jardin. On retrouve aussi notre bois brûlé dans des parquets, des salons, des saunas, des lamelles extérieures pour protection solaire, poolhouses… Bref, on peut s’en servir partout où on emploie du bois. Nous avons même actuellement une demande pour la réalisation de 86 ‘tiny houses’ en peuplier Thermowood, par exemple.”

Finition spécifique et ignifugation accrue
À mesure que la conversation progresse, on se rend compte que les deux entrepreneurs maîtrisent tout le processus de A à Z. Brûlage, transformation et finition, ils font tout eux-mêmes. Le brûlage se fait en plusieurs stades, en fonction du motif (cachet) que souhaite le client. Les spécifications particulières sont également les bienvenues. Et ils développent eux-mêmes les produits de finition, avec, sans surprise, une attention toute particulièrement pour le retardement des flammes.

“Nous avons même conçu un produit de finition spécifique que nous allons bientôt tester et que nous comptons utiliser sur notre nouvel Euro Sugi”, apprenons-nous. “Les tests au niveau de l’effet retardateur de flammes sont en cours, nous visons une classe B-s1, d0.”

“Nous voulons devenir la référence européenne de l’ignifugation, avec uniquement du bois FSC. Nous satisferons aussi à toutes les exigences du marché de la rénovation. De plus, n’importe quel bois peut être récupéré et transformé, jusqu’au bois de charpente. Vous préférez un arbre de votre propre forêt ? Aucun problème non plus.”

Quatre types de clients
Reste la question du public ciblé par le Shou Sugi Ban et l’Euro Sugi. Là aussi, les objectifs sont clairs, avec quatre groupes cibles : l’architecte, le commerçant en bois (distributeur), l’exécutant (menuisier) et de temps à autre le particulier.

“L’architecte principalement pour informer et pour la conception”, indique Bart Van Herreweghe. “D’autre part, nous travaillons via le commerce du bois, et subséquemment le menuisier, dans ce cas l'installateur de façades. Le menuisier achète le bois brûlé chez nous et nous le lui livrons. L’Eurosugi est livrable selon plusieurs spécifications. Reste encore le particulier, généralement pour des projets modestes.”

Et le prix ?
“Nous visons toujours le meilleur rapport qualité/prix. Nous laissons aussi un maximum de liberté au client, qui achète son bois où il le souhaite. Nos prix sont très compétitifs car nous travaillons via une structure de coûts optimisée.”

“Et l’Euro Sugi sera proposé comme produit de stock”, conclut Enno Hageman. “C’est important pour un marché comme les Pays-Bas, par exemple, qui exige une bonne réactivé au niveau des produits standards.”

Pour plus d’informations visitez nous sur www.product-proof.com